S'il est né à Angers, c’est bien au VAFC que Steve Savidan s’est révélé aux yeux du monde. Auteur de 63 buts en 153 apparitions, il est passé du National à l’équipe de France en 4 ans. Pourtant, tout n’a pas été simple pour celui que tout le monde surnommera « Savigol ». Avant de connaître les fastes du château de Clairefontaine, il est passé par le foot amateur, le métier de serveur et même d’éboueur.
Il fut un temps où parier sur un but de Steve Savidan ne rapportait rien, tant l’homme était une machine à scorer. Même en misant l'intégralité du bonus ZEbet de 150 €, on ne gagnait pas grand-chose. Preuve que Savigol était devenu une figure familière du foot français. Enfant de la balle à la trajectoire filante, il a connu la galère, les joies du haut niveau et une fin de carrière aussi brutale qu’inattendue. Retour sur la vie et l’œuvre d’un héros ordinaire.
Angers, Ajaccio, Châteauroux, Beauvais : les années de galères de Steve Savidan
Savidan a découvert le foot professionnel en passant par l’amateurisme et non par un centre de formation. Il se forme au SCO et, en attendant de percer, écume les jobs précaires comme serveur ou éboueur. Lors de la saison 98/99, il marque 17 pions sur 29 rencontres en National. Joël Bats l’attire à Châteauroux où il signe pour trois ans. En deuxième division, son adaptation est compliquée : 3 buts en 22 matchs. Il est prêté à Ajaccio où il fait une saison mitigée : 7 buts en 37 matchs. L’année suivant, Châteauroux le prête encore, à Angers cette fois-ci. Le bilan est le même.
En 2002-2003, il atterrit à Beauvais. Le club est en L2 et veut jouer la montée. Savidan joue sur l’aile. Il ne trouvera jamais ses marques. Son bilan, dans l’Oise est famélique : 3 buts en 28 rencontres. En fin de contrat à Châteauroux, il décide de descendre d'un échelon pour redonner un peu d’élan à sa carrière. Il s’engage en faveur d’Angoulême, alors en National. Sur la pente savonneuse de l’échec, Savidan se refait contre toute attente une santé dans les Charentes : il marque 12 buts et le club atteint les quarts de finale de la Coupe de France.
La période valenciennoise et la naissance de Savigol
En 2004, il signe à Valenciennes. À partir de là, sa trajectoire sera linéaire et le mènera jusqu’à l’équipe de France. En 2004-2005, il inscrit 49 buts. Valenciennes gagne le titre de champion de France de National et Savidan termine meilleur buteur de l’épreuve avec 19 buts. La saison suivante, en Ligue 2, même scénario. Valenciennes est champion et Savidan finit meilleur buteur avec 16 buts, à égalité avec Jean-Michel Lesage. Le stade Nungesser lui donne alors le nom de Savigol. Car oui, à cette époque, le club n'évolue pas encore au stade du Hainaut.
L’année suivante, en Ligue 1, Savidan inscrit 13 réalisations. Il finit à la deuxième place du classement des buteurs, derrière Pauleta. En fin de saison, il est transféré à Caen. Raymond Domenech l’appelle alors en équipe de France au mois de novembre. Il entre en cours de jeu à la place d’Anelka, contre l’Uruguay. La France découvre alors un attaquant plein de fraîcheur et d’envie. Son caractère tranche avec celui des voyous de l’époque. Il réussit une saison 2008- 2009 plutôt bonne avec 16 buts en 41 matchs officiels. En fin d’exercice, Monaco lui fait les yeux doux. Mais, le 4 juillet 2009, coup de tonnerre : l'ASM décide d’annuler le transfert. À la visite médicale, les médecins lui ont trouvé une anomalie au cœur. La mort dans l’âme, Savigol dit au revoir au football professionnel.
Reconversion forcée pour le héros du stade Nungesser
La fin de carrière est plutôt brutale pour Steve Savidan. En plus, il doit faire face à son ancien employeur, le Stade Malherbe, pour récupérer ses salaires impayés. Pendant un temps, on le retrouve sur RMC et Eurosport dans le rôle du consultant. En 2013, le VAFC lui offre un jubilé exceptionnel où il peut enfin dire au revoir au public valenciennois.
Puis, peu à peu, il s’éloigne du football. Il retourne à Angers pour ouvrir une boîte de nuit, le K9. En 2014, il revient au football, dans le monde amateur cette fois-ci. Il s’engage au FC Beaucouzé en DHR, non comme joueur, mais comme entraîneur adjoint de Lionel Duarte. Dans la foulée, il obtient son BEF (Brevet d’Entraîneur de Football), le premier diplôme de sa vie, et vend sa boîte de nuit. Avec Beaucouzé, il espère à terme monter en CFA2. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Dans la vie comme dans le foot, Savidan déborde d’énergie et de passion.
Steve Savidan est devenu un héros national car il incarnait une forme de générosité et de naïveté dans le monde aseptisé du sport professionnel. Son histoire ressemble au rêve qu’ont tous les joueurs évoluant dans l’antichambre du foot national : celle d’accéder enfin à la reconnaissance après des années d’incertitude, de galère et de petits boulots. Car la notoriété, Steve Savidan l’a gagnée à la sueur de son front. Il n’a pas la trajectoire de ceux qui passent par les centres de formation, à qui l'on donne tout très jeune. Savigol, lui, a dû batailler pour se hisser jusqu’au trône.
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